Marché des Spiritueux : 6 Grandes Tendances de Consommation
Depuis plusieurs années déjà, lemonde des spiritueux connaît un dynamisme sans précédent. Une vitalité qui est à l’origine de nouvelles tendances comme une montée en gamme significative, le succès grandissant des spiritueux français, l’apparition de nouvelles catégories ou encore le développement de nouveaux modes de consommation. Tour d’horizon.
Jusqu’où ira la premiumisation des spiritueux ?
Boire moins mais boire mieux, telle semble être la nouvelle philosophie des Français. Si toutes les catégories de spiritueux bénéficient de cette tendance, c’est d’autant plus vrai pour les whiskies et les rhums qui illustrent particulièrement cette montée en gamme. Il suffit de jeter un œil sur la sélection de malts et d’eaux-de-vie de canne des cavistes pour le constater. De plus en plus large mais surtout de plus en plus pointue, elle donne plus que jamais la part belle aux single casks, aux éditions limitées et aux embouteillages rares.
Naturellement, cette premiumisation galopante s’accompagne d’une flambée des prix. Il faut dire que ces dernières années, les spiritueux, au même titre que les vins, se sont imposés comme un investissement patrimonial à part entière.
Preuve supplémentaire de cet engouement pour les cuvées d’exception, le succès de Fine Spirits Auction. Lancée en 2020 par La Maison du Whisky et iDealwine la toute première plateforme française spécialisée dans la vente aux enchères en ligne de whiskies et spiritueux fins, connaît en effet un véritable succès. En un an, Fine Spirits Auction a déjà réalisé 7 ventes, vendu plus de 3 000 bouteilles et battu des records d’enchère.
Spiritueux français : L’attrait grandissant du « made in France »
Le « made in France » a le vent en poupe. Confortée par la crise sanitaire, cette tendance bénéficie également aux spiritueux. Il faut dire que notre pays compte plus de 2 000 distilleries en activité : des producteurs pouvant revendiquer un savoir-faire unique. Si les Français, résolument locavores, sont de plus en plus enclins à privilégier une consommation écoresponsable, ils sont également séduits par la qualité et la diversité de nos spiritueux.
Whisky, gin, vodka ou encore apéritif : grâce aux nouvelles distilleries qui ont vu le jour ces dernières années mais aussi aux producteurs historiques qui ont enrichi leurs gammes, l’offre de spiritueux français ne cesse de se développer et couvre désormais toutes les catégories.
Cet attrait du « made in France » bénéficie également aux eaux-de-vie traditionnelles comme le cognac, l’armagnac, le calvados et même les marcs. Si elles ont un temps souffert d’une image un peu « has been », grâce à une nouvelle génération arrivée aux commandes des domaines familiaux avec une vision plus moderne, elles s’offrent aujourd’hui une nouvelle jeunesse. À tel point qu’elles trouvent même leur place sur les cartes de cocktails des bars le plus pointus de l’Hexagone.
Le terroir : le nouvel atout séduction des spiritueux
HSE Parcellaire, La Favorite La Digue et Rivière Bel’Air, Longueteau Sélection Parcellaire, Père Labat Clos Parcellaire Les Mangles Marie Galante : nos rhums agricoles ont ouvert la voie du parcellaire dans le monde des spiritueux.
Les whiskies français prennent le même chemin à commencer par le Domaine des Hautes Glaces fondé au cœur des Alpes françaises par Frédéric Revol ou encore Rozelieures, la ferme-distillerie-malterie lorraine qui vient de lancer ses deux premiers single malts parcellaires.
Le plus souvent inspirés par le monde du vin, ces producteurs de spiritueux remettent ainsi le terroir au cœur du sujet. C’est également le cas de Mark Reynier qui pousse le concept encore plus loin que ce soit avec Waterford, sa distillerie de whisky fondée en Irlande, ou Renegade, sa distillerie de rhum créée à la Grenade.
Sous sa houlette, l’orge et la canne à sucre sont cultivées par fermes, par terroirs, par parcelles. Une fois récoltées, elles sont travaillées selon le même principe afin de préserver les arômes uniques de chaque terroir, de chaque variété et, par là même, offrir une transparence totale aux amateurs. Une petite révolution dans l’univers des spiritueux qui risque fort de faire des émules.
L’engouement pour les spiritueux sans alcool
Les Français sont de plus en plus nombreux à être adeptes du « nolo », pour « no alcohol, low alcohol », c’est-à-dire « sans alcool, faible degré d’alcool ». 27 % d’entre eux déclarent en effet consommer des boissons peu ou pas alcoolisées. Un chiffre qui s’élève à 40 % chez les 18-25 ans (source Kantar).
Cette tendance, qui prend de l’ampleur, illustre leur intérêt croissant pour une consommation plus modérée.Elle est surtout à l’origine du développement des boissons sans alcool et les spiritueux n’échappent évidemment pas au phénomène.
D’ailleurs, depuis le lancement de Seedlip il y a sept ans, l’offre de spiritueux sans alcool s’est considérablement développée avec l’arrivée sur le marché français de Ceder’s, Fluère, Atopia, JNPR ou encore Djin et Abstinence, mais aussi des aperitivo sans alcool Martini Vibrante et Martini Floreale, sans oublier Palette Roots et Palette Bold qui sont dévoilés ce mois-ci dans les bars parisiens.
Preuve supplémentaire de la montée en puissance de cette tendance : les bars les plus en vue ont étoffé leur offre de cocktails sans alcool. Quant aux recettes de ces cocktails « spirit free », elles sont de plus en plus complexes et abouties.
Le shôchu : la nouvelle catégorie à suivre
Du Japon, on connaît les whiskies bien sûr qui ont toujours autant de succès auprès des amateurs français, mais aussi les gins et même les vodkas. Aujourd’hui, une nouvelle catégorie arrive sur le marché français : les shôchus. S’ils sont nouveaux en France, les shôchus s’imposent comme les spiritueux japonais traditionnels par excellence.
En plus d’incarner un savoir-faire ancestral,les shôchus se distinguent par leur grande diversité. Ils peuvent en effet être élaborés à partir de riz, d’orge, de patate douce ou encore de sarrasin. De quoi offrir des profils aromatiques très différents d’autant qu’on trouve aussi bien des versions non vieillies que des cuvées élevées en fûts. Les shôchus ont également la particularité d’être mis en bouteille sans réduction autour de 40% ou bien réduits autour de 25%.
Last but not least : les shôchus sont très versatiles. Au Japon, ils sont dégustés aussi bien frappés, qu’à température ambiante ou chauds, purs ou en cocktails et même avec du thé.
Cocktails ready-to-drink : une tendance forte
Selon une étude Nielsen, 82 % des Français consomment plus ou moins régulièrement des cocktails. Si 80 % d’entre eux affirment en boire dans les bars et les restaurants, ils sont 70 % à déclarer en siroter chez eux. Autant dire que le « hometail », c’est-à-dire le cocktail à domicile, a le vent en poupe. Une tendance renforcée par la crise sanitaire.
Lors des confinements successifs, ayant entrainé la fermeture des bars et des restaurants, que ce soit à Paris, à Toulouse, à Marseille ou encore à Lyon, de nombreux bars à cocktails ont mis en place une carte de cocktails à emporter. Depuis qu’ils ont rouvert, cette offre n’est plus disponible mais il est toujours possible d’avoir accès à l’univers des bars à domicile grâce au développement des cocktails ready-to-drink, c’est-à-dire prêts à être dégustés.
Ces derniers mois, plusieurs marques premium comme Hybou, Karini, My Cocktails, Dr Morfos, Cockorico ou Travellers Cocktails ont en effet été lancées sur le marché. Cette nouvelle offre permet aux amateurs de cocktails qui n’ont pas toujours le temps, ni le matériel ou tous les spiritueux pour les faire eux-mêmes, de s’offrir un cocktail pointu « at home ».
Cécile Fortis. Janvier 2022.