Vins d’ailleurs : le Vietnam
C’est un marché émergent pour les importateurs, et un pays au développement rapide qui augmente chaque année sa consommation de vin. Pourtant, on le sait moins, le Vietnam produit aussi son propre vin. Si la culture de la vigne date de la colonisation française, elle s’est aujourd’hui modernisée et s’adapte de plus en plus au climat et au terroir local. Un gage de qualité pour l’avenir.
Une trace française
C’est en 1880 que les colons français ont expérimenté pour la première fois la viticulture en Indochine. Le climat tropical, la mousson et l’humidité des terres sont alors considérés comme rédhibitoires dans la plupart des zones agricoles du Vietnam, plus propices aux rizières et aux caféiers. On cherche alors un endroit suffisamment tempéré pour accueillir la vigne, et notamment des cépages importés de métropole. C’est Dalat, au sud du pays, qui va devenir l’épicentre de la production locale. La ville, située en altitude, et ses côteaux alentours, permettent des conditions de culture plus favorables. Chambourcin et sauvignon sont introduits dans la région, où s’installent quelques producteurs ayant pour ambition de concurrencer le vin d’importation française, alors très largement majoritaire parmi la population européenne.
Une nouvelle dynamique
Près d’un siècle plus tard, Dalat a toujours la réputation d’être la cité du vin au Vietnam. Les usines d’embouteillage et les entrepôts de vinification y sont toujours implantés. Nombre de ceps ont pourtant quitté la montagne, l’essentiel de la production se basant aujourd’hui sur les côtes de la région de Ninh Thuan, à une centaine de kilomètres de là. La culture du cépage cardinal et le vieillissement en cuve de plastique (avec adjonction éventuelle de jus de mûre, voire d’alcool de riz) représentent la partie quantitative de la viticulture vietnamienne actuelle, mais pas sa dynamique : quelques grands acteurs du marché local, comme Ladora Winery, souhaitent s’accorder à la demande locale en vins de qualité, l’émergence d’une classe moyenne ayant occidentalisé les goûts d’une population plutôt amatrice de bières.
Le premium en ligne de mire
Dans un pays permettant trois vendanges annuelles (ce qui réduit l’espérance de vie des ceps), où le millésimé n’est pas une norme, le développement de crus d’excellente qualité implique de calquer certaines méthodes sur ce qui se pratique dans les zones tempérées. Le Chateau Dalat en est le meilleur exemple : conciliant cépages internationaux reconnus (cabernet sauvignon, merlot, syrah, chardonnay), matériels importés d’Italie et contrôle qualité pointu, il est la preuve que la vinification faite au Vietnam peut rivaliser sur le marché mondial. En attendant que ne se développent de véritables producteurs-récoltants, la demande intérieure et l’exportation (vers le Japon, la Thaïlande et l’Europe) stimulent la croissance de la viticulture vietnamienne. De quoi voir l’avenir en rouge et blanc (et bientôt rosé) en Asie du Sud-Est.